Croire aux études?

"SCOOP! Les fraises tagada sont bonnes pour la santé, nous révèle une étude."
 

Comment évaluer ce titre de publication? Est-ce vrai? Faut-il se remettre aux fraises tagada?

Le 1er réflexe universel est de de confirmer ce qu'on croit déjà, ou ce qu'on aimerait croire. Si on aime beaucoup ces bonbons, on aura plus facilement tendance à croire qu'ils sont bons pour la santé. Si on a entendu dire que le rouge est une chenille écrasée et si on est vegan, on sera bien moins ouvert à cette possibilité que la moyenne.

Voyons quelques possibilités d'explication d'un tel titre, valables aussi pour un titre bien plus crédible :

- C'est une "fake news", une fiction, un truc inventé (le plus souvent pour faire rire ou attirer des clics rémunérateurs). Ici il s'agit d'une fake news ayant pour but de faire lire cet article.

- C'est une annonce fausse basée sur des techniques de marketing : on invente une conclusion alléchante à une étude bien réelle. On pourrait par exemple trouver ce titre avec une étude sur le collagène et n'évoquant jamais les bonbons ni leurs autres ingrédients.

- C'est bien la conclusion d'une étude, mais une étude frauduleuse. C'est à dire que les "scientifiques" ont volontairement écrit de faux résultats.
C'est une des raisons pour lesquelles on reproduit les études : personne ne va vérifier les données obtenues à la source, mais si beaucoup d'études ont des résultats allant dans le même sens, on espère que ça prouve leur véracité. Cette validation indirecte fonctionnerait bien si on vérifiait correctement les conflits d'intérêt... ce qui n'est pas le cas.
Les méta-études, qui normalement devraient être les plus instructives, sont trop souvent frauduleuses : on y pratique allègrement le cherry picking (choisir uniquement les études qui disent ce qu'on veut et faire comme si les autres n'existaient pas) et on signe entre autres du nom de scientifiques qui sont en désaccord avec le contenu et/ou les conclusions. Divers témoignages de ces pratiques se trouvent dans des livres et des reportages d'investigation.

- C'est la conclusion frauduleuse d'une étude : les résultats indiquent une chose, les conclusions en inventent une autre. C'est le cas par exemple dans l'étude sur le neu5gc qui affirme avoir trouvé une cause de toxicité de la viande rouge.

- C'est une conclusion fausse à partir de vrais résultats car le protocole a été créé pour obtenir ce résultat.
On pourrait par exemple comparer la santé de rats nourris aux fraises tagada avec celle de rats nourris avec des croquettes contenant tous les ingrédients toxiques des fraises tagada, mais exempts de tout collagène... en oubliant éventuellement de préciser de quoi est faite la "nourriture standard" du "groupe contrôle".
Beaucoup d'études jouent sur les imprécisions (volontairement ou par manque de rigueur scientifique) en oubliant d'avoir un groupe contrôle, en zappant l'impact de l'effet placebo, en donnant des résultats non significatifs d'un point de vue statistique, en ayant un groupe contrôle sélectionné différemment du groupe expérimental...

En conclusion, pour évaluer le titre d'une publication parlant d'une étude de même que pour évaluer une étude, il faut décortiquer l'étude et les autres études sur le même sujet, comparer et vérifier les conflits d'intérêt. Autant vous dire que vous ne saurez jamais si une étude est valable ou non...
 

Pourquoi ce manque de rigueur?

De nombreux facteurs jouent sur la rigueur d'une étude censée être sceintifique.

- Les conflits d'intéret de pouvoir (finance et influence) :
Si c'est haribo qui paye t'as pas intérêt à lui dire que ce qu'il vend c'est de la daube! Qu'il le dise ouvertement ou non, il te paye pour dire que c'est bon pour la santé.

- Les conflits d'intérêt idéologique :
Si t'es vegan, t'as pas envie de savoir que le collagène c'est bon pour la santé. De même un catholique sera incapable de s'intéresser à tout ce qui prouve que Jésus n'a pas pu exister, un croyant provaccin sera incapable de concevoir le fait que l'aluminium injecté ne fait pas la même chose dans le corps que l'aluminium avalé, etc.

- Une grande quantité de biais cognitifs, de variables connues et de facteurs inconnus à anticiper.

- Des moyens (matériel, délai, accès aux informations, ambiance, etc.) systématiquement en dessous des besoins des employés pour mener à bien leur mission.
 

Mais alors on fait comment pour savoir?

On ne saura jamais à 100%, mais on peut se forger des convictions ou des impressions relativement fiables en adoptant une démarche objective, donc scientifique :

    - accepter systématiquement la possibilité de s'être trompé précédemment
    - explorer les différents points de vue et non un seul son de cloche (ex. la viande est mauvaise pour l'humain)
    - débusquer et ignorer les arguments illogiques (ex. la viande est inutile pour tous parce que je suis végé et en bonne santé)
    - débusquer et ignorer les "informations" inventées (ex. les premiers humains étaient frugivores)
    - évaluer l'impact de chaque argument correct sur la conclusion (ex. nécessité de la B12)

Pour savoir si une information a de bonnes chances d'être correcte, il faut prendre en compte tous les biais cités précédemment, en particulier les conflits d'intérêts économiques et idéologiques (ex. travaux de paléontologues ou de militans vegans). C'est souvent une autre discipline moins soumise à ces conflits qui répondra à la question (ex. végétalisme en éthologie).
Les études dites scientifiques sont souvent blindées de biais très visibles, il suffit alors de les décortiquer pour s'en rendre compte. On en trouve beaucoup sur https://www.ncbi.nlm.nih.gov, et on dispose d'outils de traduction automatique en ligne.

Un moyen efficace consiste à s'arrêter sur les informations cohérentes chez les alternatifs pour vérifier si elles correspondent à des incohérences chez les classiques. Les alternatifs pointent une direction, mais on ne se base que sur les informations données par les sources censées être sûres pour débusquer leurs erreurs. Ainsi on découvre par soi-même et sans doute possible qu'il y a du grand n'importe quoi dans l'approche classique du diabète, des tests des maladies infectieuses, du cholestérol, etc.

Dans certains cas on n'a aucun moyen de connaître la réalité des faits, mais on peut comparer par exemple des statistiques avec des témoignages et des observations personnelles. Par exemple dans le cas des vaccins, les statistiques d'effets secondaires néfastes à court terme semblent unanimes, en totale contradiction avec les très nombreux témoignages. Cela s'explique facilement puisque lorsqu'on parle d'un effet secondaire suite à une vaccination, la réaction est généralement de refuser de les prendre en compte pour des raisons idéologiques.

La démarche scientifique demande donc énormément de travail, elle n'est adaptée que pour solutionner des problèmes importants. Pour le reste, je préfère me reposer sur les opinions de personnes dont j'ai pu constater la rigueur sur des sujets que j'ai évalués avec rigueur, et me passer d'opinion personnelle.

 

 

La multidisciplinarité, indispensable

L’auteur est important, non pas pour un titre ou un charisme, mais pour son point de vue.
Quand un anthropologue et un militant vegan parlent de l’alimentation humaine, on n’a évidemment pas le même point de vue. En médecine, on a affaire à des médecins, qui se réfèrent à des études payées par l’industrie pharmaceutique… Pas les mieux placés pour parler de santé! Quand on cherche des informations d’organismes officiels, on a affaire à des gens qui s’occupent de politique, donc de pouvoir… pas de santé!
Il est donc intéressant d’aller chercher des informations dans des domaines moins attendus : pour le corps en paléontologie, ethnologie, anthropologie, biochimie, biologie, agronomie, sport, astronautique, histoire, botanique etc. plutôt qu’en médecine et nutrition, pour l’esprit plutôt en psychologie et spiritualité qu’en psychiatrie.

Plus que l’écrit, j’apprécie les documentaires vidéo et les « télé réalités » car même si c'est monté et probablement mis en scène, je peux voir par moi-même des différences entre ce qui est dit et ce qui est filmé.
Documentaires animaliers (Animaux trop humains, Planète animale...), télé-réalités de « survie » (The Island, Man vs Wild, Alone, Dual survival…), immersions dans d’autres cultures (Rendez-vous en terre inconnue, J’irai dormir chez vous…), tout ça donne des points de vue différents.
J’apprécie aussi beaucoup les plateformes de vidéos gratuites en ligne, qui permettent une grande liberté de parole et me servent surtout d’inspiration, avec des gens plus ou moins allumés comme Thierry Casasnovas ou Frédéric Delavier, ou très carrés comme Benjamin Derouich (Naturacoach).

Tout ça sert donne des réponses aux questions trop épineuses ailleurs. Un exemple frappant, en nutrition on dit que ce sont les lipides qui font grossir alors que l'élevage et l'ethnologie nous apprennent que ce sont les glucides qui servent à engraisser les animaux.
Ca sert aussi à dépasser des blocages psychologiques qui nous empêchent d’être objectifs. Voir la diversité des alimentations dans le monde par exemple peut faire dépasser des préjugés et des dégoûts.

 

 

L’évolution, point de départ de toute compréhension du vivant

Qu’on croit ou non qu’un être supérieur ou n’importe quoi agis de façon volontaire sur la création des êtres vivants, la théorie de l’évolution est la seule qui explique une grande partie de tout ce qu’on observe. Dans les pays francophones nous ne sommes pas trop touchés par le créationnisme, Dieu merci… passez-moi l’expression. ;) Celui-ci affirme que la nature est trop parfaite pour n’avoir pas été pensée… ce qui serait une théorie utile si et seulement si elle exliquait comment ce créateur aurait été lui-même créé.
Bref, passons aux choses sérieuses.
Darwin a non seulement expliqué ce qu’il observait en son temps, mais il a aussi prédit de futures découvertes, tant il avait bien compris comment fonctionne la nature !

Ce qu’on nommme aujourd’hui sélection de la parentèle, il l’avait évoqué en parlant de sélection dans les familles, n’ayant pas encore les données génétiques. Rien de compliqué, et ça nuance juste légèrement la règle générale qu’il avait donnée : chaque être vivant ne cherche pas à se reproduire, mais à assurer la pérennité de ses gènes. Les fourmis ont une reine pondeuse, elles font tout pour que la reine continue à pondre. Les mammifères sociaux peuvent se consacrer à protéger les enfants de leurs frères et sœurs plutôt que de chercher à se reproduire eux-mêmes. Les lions et les babouins mâles exterminent les petits de leur nouveau harem pour accélérer la naissance de leurs propres petits. Les oiseaux forment des couples durables pour qu’un parent soit toujours présent pendant que l’autre va chercher à manger. Etc.

Quand on a compris ça, on a tout compris. La santé dans tout ça, c’est l’état normal, celui qui permet qu’un individu se consacre à sa mission naturelle : assurer la pérennité de ses gènes. Si une mutation n’est pas utile pour ce but unique, elle disparaitra rapidement car elle sera moins sélectionnée que les autres formes d’un gène. Les maladies génétiques pures ne peuvent donc qu’être rares. [Même si de nos jours la sélection naturelle est très restreinte par le mode de vie occidental et a changé de forme dans les pays à forte mortalité précoce, c'est trop récent pour avoir permis une dégénerescence génétique notable.]

Quand on cherche à comprendre la santé humaine, une question doit toujours être présente à notre esprit : existe-t-il un avantage évolutif?
Par exemple, si nous étions faits pour nous nourrir de fruits, pourquoi donc aurions-nous développé un ensemble de caractéristiques qui nous rendent si mal adaptés à la vie en forêt et si bien adaptés à la vie en savane?

 

 

 

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